Lorsqu’en 2018, j’ai décidé de mettre en pause mon emploi d’ingénieur informaticien, c’était entre autres raisons, pour prendre connaissance des études scientifique autour des théories du prétendu Effondrement des sociétés thermo-industrielles. Perturbé depuis quelques années par des articles que j’avais parcourus furtivement, j’espérais y trouver des erreurs de raisonnement, des manipulations de données, tout cela colporté par des mouvements complotistes ou sectaires.
Il n’en a rien été. Les mathématiques sont froides, les sciences de la terre implacables. A l’échelle planétaire, nos sociétés suivent donc depuis bientôt 50 ans, les projections des travaux de 1972 de l’équipe du Professeur Meadows, corroborés par de multiples autres études scientifiques depuis. Nous avons ainsi déclenché une forte diminution de la population humaine dans les années à venir et une nette baisse du niveau de vie. Il existe par ailleurs de nombreuses études psychologiques, neurologiques, sociologiques qui expliquent pourquoi les humains ne changent pas de voie.
Sur notre petite planète, pas assez de minerais pour nos voitures électriques, nos énergies renouvelables, nos technologies hyper-connectées… Dans notre monde fini, impossible de développer suffisamment d’énergie nucléaire (nuisible par ailleurs) ou à hydrogène à l’échelle de l’humanité pour un illusoire remplacement des énergies fossiles. La situation est aujourd’hui inextricable, changement climatique, disparition avancée des espèces animales et végétales, démocraties en fin de vie, crise économique hors norme à venir, terrorisme, covid 19 …
Le confinement allégé que nous vivons, nous permet de jauger notre capacité d’adaptation à des événements jusqu’alors hors normes, au niveau individuel et à différents niveaux collectifs. Cela nous donne aussi un exemple de restrictions et moindres capacités d’actions que nous allons subir dans les années à venir, progressivement, de façon plus intense.
Après être passé par les phases de déni, tristesse, colère, dépression, comme d’autres, j’accepte maintenant l’éventualité d’un effondrement généralisé probable, en tous cas de changements radicaux et inéluctables prochainement. Pour autant, il y a des réponses et des façons de poursuivre sa vie dans ce contexte. C’est ce que nous expérimentons chez les Kolapsonautes du Pays Basque et du sud des Landes. La lucidité nous motive à nous préparer au monde de demain. Après les formations aux situations d’urgence, certains font le choix de se réapproprier les savoir-faire autour des besoins vitaux (agroécologie, permaculture, plantes sauvages médicinales, habitats sobres, low-tech…) ; d’autres privilégient la recherche d’un apaisement intérieur pour pouvoir supporter les destructions de la nature ; d’autres enfin travaillent à la résilience territoriale, autonomie alimentaire et énergétique.