« Effondrement des sociétés thermo-industrielles ! Ohlala qu’est-ce encore que ça ? Rien que les mots font froid dans le dos et j’ai trop peur de ce que je vais y découvrir ! Pourtant, ça me perturbe tout ça et il faut bien avancer, oui mais d’abord il faut comprendre… et puis quel est le vrai du faux, à quel degré les scientifiques ont ils raison ? Et mes grands parents ils disaient quoi déjà quand j’étais enfant ?»
Ça, c’est à peu près l’état d’esprit avec lequel j’ai commencé à explorer la collapsologie il y a presque 3 ans. Un constat est certain – parce que tout ça ne date pas d’hier – les rapports scientifiques les plus construits n’ont rien à prouver désormais parce que nous y sommes. Chaque jour on observe les dégâts causés à la Terre-mère et au vivant qui peuple cette planète. A chaque pierre qu’on enlève à l’édifice Terre, à chaque espèce qui disparaît, à chaque forêt qui brûle, à chaque acte de pollution et de destruction, force est de constater que notre doux foyer se fragilise.
J’étais inquiète et ça a été laborieux de passer la fameuse courbe du « déni, tristesse, colère, dépression » pour parvenir à l’acceptation et la résilience. Laborieux mais pas si difficile quand j’y repense.
C’est sans doute parce que j’avais cette notion d’effondrement dans un coin de ma tête mais c’était en dormance, enfoui là depuis des décennies… 35 ans exactement. Ça paraît prématuré de penser à ces sujets quand on a 5 ans, mais pas tant que ça si on tient compte des récits de sa grand-mère, qui, après avoir traversé 2 guerres et acquis un certain niveau de conscience, avait une compréhension du monde assez proche des constats scientifiques mis en avant dans les années 70.
Et puis elle m’avait transmis quelques conseils pour franchir le cap si de tels évènements arrivaient. C’est peut-être pour ça que j’ai commencé à apprendre en autodidacte sur diverses thématiques (permaculture, hygiénisme, alimentation vivante, communication non violente, yoga, etc.) et que j’ai ressenti un besoin profond de renouer avec des savoirs ancestraux (soigner avec les plantes, reconnexion à la nature, spiritualité, ecoconstruction, etc.).
On se fait souvent une montagne de certaines choses mais en fait on a plus de ressources intérieures que l’on croit. Il suffit juste d’explorer quelles solutions on peut mettre en face de ses questionnements. Pour sûr, mon côté « optimiste plus » (référence au livre de Pablo Servigne et de ses comparses « Une autre fin du monde est possible ») m’a grandement aidé ainsi que mes méditations régulières.
Et puis l’association les Kolapsonautes du Pays Basque et du sud des Landes est née, je me suis sentie vraiment moins seule !! Dès le début j’ai su que je devais emprunter ce chemin, d’une part pour acquérir les connaissances qu’il me manquait, mais aussi pour échanger et rencontrer d’autres personnes avec qui oeuvrer et me préparer. Me préparer ? Oui parce qu’il est inconcevable pour moi d’attendre que tout s’effondre et de ne rien faire en amont.
Au fur et à mesure que l’asso s’est constituée, j’ai eu envie de m’investir davantage en transmettant certains savoirs et en aidant à développer les fondements. J’ai notamment longuement réfléchi sur un des 3 axes forts de l’asso « la voie intérieure ».
Selon Paul Chefurka, auteur de « Gravir l’échelle de conscience », on peut choisir d’avancer par un chemin « extérieur » ou « intérieur ». Pour ma part, étant dans une démarche de développement personnel depuis 20 ans, j’ai spontanément emprunté le chemin intérieur et je crois que cela m’a beaucoup aidé à accepter et rebondir, et plus rapidement que si j’étais restée sur l’apprentissage extérieur seul. C’est donc assez naturellement que j’ai eu envie d’étoffer cet axe « voie intérieure »(1) pour les Kolapsonautes, en collaboration avec Nicole, rencontrée grâce à l’asso et avec qui je suis devenue amie.
Parce que c’est aussi pour ça qu’on se dirige vers de telles structures. On sait très bien que tout-e seul-e il sera vraiment compliqué de traverser et surmonter ce qu’il va arriver. Et puis finalement pourquoi avancer seul-e et laborieusement quand ensemble on peut co-construire mieux et aller plus loin ? N’est-ce pas une des voies à explorer dans ce monde individualiste et égoïste (avec toutes les difficultés que cela comporte mais il y a des outils qui peuvent aider à avancer en groupe) où l’humain s’est tellement éloigné de l’humanité et de la protection du vivant qu’il s’auto-détruit et le reste du monde avec ?
C’est en tout cas cette décision que j’ai prise et que j’essaie de matérialiser depuis 2020 avec la « co-création d’un ecolieu permacole » au Pays-Basque et si possible en mode « archipel » (référence au livre de Corinne Morel Darleux « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce »).
Je ne suis pas la seule dans cette démarche car un autre collectif s’est constitué dans l’asso « Uhartegia » (archipel en langue basque) et de nombreux autres groupes néo-autonomistes existent partout en France.
2021 commence aujourd’hui – oui j’ai choisi symboliquement le 1er jour de l’année pour écrire ces quelques mots – et je sens de plus en plus de gens qui tendent vers un changement de vie et une transformation de leurs habitudes. Je perçois une envie de passer à l’action chez bon nombre de personnes et ça me donne beaucoup d’espoir. Alors oui des effondrements vont avoir lieu et certains ont déjà commencé, mais face à la prise de conscience et l’action en collectif je suis persuadée qu’on peut appréhender cet épisode plus sereinement, et j’invite les personnes qui se sentent proches de notre démarche à venir bavarder avec nous. Ça nous fait toujours plaisir d’échanger sur nos expériences et approches respectives.
(1) Qu’entendons-nous par « voie intérieure » ?
Il s’agit des multiples outils, individuels ou collectifs, que nous pouvons utiliser pour prendre conscience de notre état émotionnel et ainsi mieux l’apprivoiser.
Dans cette pratique, où chacun-e chemine au rythme qui lui convient, nous avons intégré des outils pour se connecter à soi, se relier à l’autre et se reconnecter à la nature.
Equilibrer la relation à soi-même avec les pratiques dites « techniques » est aussi très présent, ainsi le pont entre les cheminements « intérieurs et extérieurs » s’effectue assez naturellement dans les ateliers.
Quelques exemples : écoute individuelle, cercle de parole, atelier « Partages & réflexions », reconnexion à la nature, Communication Non Violente, écologie intérieure, physique & énergétique, méditation dans les ateliers, etc.