Témoignage de Matthieu

La collapsologie est un mot très récent et réducteur. Le cheminement qui m’a emmené à ce raisonnement pris racine aussi loin que je me souvienne. Ma mère a toujours eu une fibre écologiste. C’est certainement mon premier lien avec le sujet.

A 18 ans, je faisais mes premiers choix vers cet horizon en orientant mes études vers un baccalauréat technique dans le domaine des énergies. A cette époque, je voulais croire, naïvement, que développer des énergies dites renouvelables permettrait à l’humanité de construire un avenir harmonieux pour lui et l’ensemble du vivant.

    Quelques années plus tard, confronté au monde professionnel, je fais face aux contraintes humaines, physiques et économiques qui font obstacles au changement. Je vis mes premières désillusions. Les solutions techniques n’en sont manifestement pas.

    2009 : Mes premières économies me servent à voyager vers l’Asie, vers le Tibet. J’y découvre ma liberté, une certaine assurance, et des leçons philosophiques fondamentales.

« Le bonheur ne né pas dans la richesse matérielle » ; « Une vie passée sans observer la mort et une mort passée sans observer la vie. » Ces déclarations peuvent paraître d’une banalité affligeante, mais l’intégrer profondément dans ses cellules offre un socle solide. J’acquiert alors des armes psychologiques. Plus tard, elles me permettront de faire face aux effondrements, d’y poser mon regard et ma compréhension.

En parallèle, nous vivons un contexte de crise économique aiguë. Je me plonge dans cette discipline. Elle m’aide à intégrer intellectuellement les liens que constituent les interactions humaines.

Je creuse le sujet économique plusieurs années autour d’une vie professionnelle sans conviction. Les connexions entre énergies, croissance, paix sociale, politique, aspect dynamique et systémique des sociétés se font beaucoup plus claires. J’abandonne petit à petit la recherche de coupables. Jusque-là, je vivais inconsciemment dans une défiance sourde envers l’autorité, l’aspect patriarcal des états et manœuvres politiciennes. Cette mécanique froide m’apaise. J’évolue au cœur de plusieurs forces, entre perspectives abyssales et satisfaction intense d’aborder ces problèmes de manière lucide.

Autour de 2016, j’aborde ces questions de manière spirituelle. Je consolide mes socles psychologies en conceptualisant, en écrivant. Ces socles passent d’un état de vapeur à solide : « L’aspect paradoxal du monde » devient le reflet de ma compréhension du monde. Je m’égare peut-être dans des considérations autobiographiques, mais ces lignes me permettent de souligner l’importance d’une structure interne solide pour aborder la question des effondrements.

J’ai l’impression que la collapsologie prend son essor grand public autour de 2018. J’apprends l’existence des « Kolapsonautes » et décide de m’y investir. J’y trouve un cadre de discussion et d’action aride mais sincère. Mon engagement est déterminé mais ne me coûte pas. Bien que les efforts soient faiblement récompensés, j’y trouve du sens et un défi personnel. Nous semons des graines en espérant qu’elles résistent à la tempête. Nous regardons l’actualité en face. Nous construisons une sérénité relative.

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